définir des possibles pour défier l'impossible.

BLUE DREAM: le pré est grand, l'herbe est verte. elle ondule, danse presque sous tes yeux, ébahis. il y a des coquelicots et des tulipes. des fleurs de cerisiers volent tout autour de toi, s'accrochent à tes longs cheveux fins, caressent tes joues et le bout des orteils nus. tes yeux sont incapables de se fermer, tant c'est beau. et tu sens le moindre de tes souffles envahir ton corps tout entier : respirer n'est plus un automatisme. respirer est un plaisir et tu prends ton temps. tu ne penses à rien. souvent, tu es seule. rarement, une homme sans visage serre ta main et doucement, presque sans faire de bruit et toujours les yeux grands ouverts, il te fait l'amour. là, au milieu de ces hautes herbes qui dansent et qui vivent tout autour de vous.
tu n'as peur de rien. tu n'as peur ni de lui, ni de toi, ni du reste. dans ce pré, tu es chez toi. et toujours, avant que tu ne te réveilles, une fine pluie commence à tomber. les gouttes glissent sur la totalité de ta peau et tu offres ton visage à l'ondée salvatrice.

NIGHTMARE: tu sens ton coeur qui bat, qui tamponne, qui s'agite, à t'en faire exploser le crâne. ça fait comme des décharges électriques, qui s'attaquent à ton corps tout entier. tu trembles. autour de toi, tout est noir. noir et rouge. rouge sang. la peur t'enserre la gorge, te tords doucement le cou avec ses mains invisibles. tu ne sais pas qui est le mal. tu ne sais même pas où est le mal.
tu tournes sur toi même sans pouvoir t'arrêter et tu ne vois. tu n'entends que le battement irrégulier de ton coeur qui cogne.
si personne ne te réveilles, tu finis par tomber. tu n'as pas mal, mais le sol sous toi est loin d'être immobile. il s'agite, grogne, tente de t'avaler. et toi, tu te débats sans comprendre pourquoi, sans comprendre comment. la menace est inconnue, la menace est immense et tu te sens tomber, petit à petit, dans les méandres de cette chose qui n'est plus vraiment le sol - mais la terre qui prend vie et qui crie. tes ongles s'enfoncent dans cette surface. quelques uns se brisent - et c'est du rouge, encore du rouge, toujours du rouge.

tu te réveilles le souffle court et le corps secoué de tremblements. tout ce dont tu parviens à te souvenir, ce sont tes ongles brisés. tu as même mal aux doigts.