◮ MONA, requiem for a dream.

YOU AND I'LL BE SAFE AND SOUND


♈ Mona, tu es une grande fan de classique et surtout de piano. Ce dernier étant ton instrument préféré, lorsque tu t'assoies face à lui et que tu laisses tes doigts vagabonder sur les touches plus rien ne compte autour de toi, c'est comme si le monde disparaissait, tu es dans ta bulle, tu te sens protéger comme si rien ni personne ne pouvait venir t'empêcher de vivre cet instant de bonheur.
♈ Tu as appris à parler français, tu voulais comprendre ce que racontaient Gainsbourg et Piaf, dans leur chanson. Maintenant, tu joues avec les mots, tu manipules cette langue avec une grande facilité.
♈ Tu aime lire, Maupassant et George Sand étant parmi tes favoris. En fait, tu es une passionée d'art, sous toutes ses formes. La musique, l'écrite, la peinture, la danse et le cinéma, tu n'en laisses aucun de côté. Tu n'iras pas voir le dernier gros blockbuster, toi, tu préfères les petits films, ceux qui ne sont pas trop connus, tes favoris étant Léon, Virgin Suicides et Fight Club.
♈ Un jour tu deviendras forte, un jour tu apprendras à dire non, tu te rebelleras, tu leur montreras que tu es forte mais en attendant tu les laisses te piétiner et tu regardes les minutes passer, attendant un peu d'appaisement.
♈ Tu as peur du noir, le soir, tu ne peux pas t'endormir sans une lumière allumée. Tu n'es pas non plus à l'aise quand ta chambre est plongée dans le silence, tu as toujours besoin de quelques notes de piano en fond, sinon tu te mets à imaginer tes pires cauchemards, tu paniques, tu pleurs et tu finis par courir dehors te recueillir près du grand saul pleureur, celui qui t'as vu pleurer, celui à qui tu as confié tous tes secrets, celui qui au fond est l'abris où tu te sens le plus en sécurité.
♈ Tu as passé des heures et des journées entières, perchées là-haut dans ton arbre. Tu as fait peur à cette petite fille, qui venait faire du bruit par ici, tu lui as raconté des choses horribles, tu lui as dis que le croque-mitaine avait élu domicile ici et que si elle en parlait à quelqu'un, elle verrait ses doigts tomber. Cet endroit, c'est le tien. Il est à toi, rien qu'à toi. Les gens qui viennent ici, sont toujours tes invités, mais tu ne laisses personne l'approcher sans ton accord.
♈ Ta voix est douce et mélancholique, quand tu chantes tu éloignes les pensées obscures et les sombres histoires, les gens ne pensent plus, ils écoutent, tu les transportes puis tu te tais et ils redescendent sur terre et font à nouveau face à leurs plus horribles cauchemards.
♈ Tu crois en de nombreuses choses. En réalité, tu es quelque peu superstitieuse, tu portes toujours sur toi un de tes nombreux porte-bonheurs. Tu crois au fait que quelqu'un là-haut te surveille et veille sur toi du mieux qu'il peut. Tu dors toujours à côté d'un attrapeur de rêve, une petite pochette que l'on t'a rapporté d'un voyage.
♈ Tu peux passer des journées entières face au tableau que ton coeur a élu dans une galerie d'art. Tu peux le regarder, assise face à lui, des heures durant, étudiant chaque minutieux coup de pinceaux, chaque recoin puis sortir en le connaissant par coeur.
♈ Tu ne parles pas beaucoup, en fait tu ne parles jamais pour ne rien dire. Tu sais te montrer blessante quand tu le veux mais aussi douce et encourageante.
♈ Tu ne cris pas, tu ne ris pas fort, en fait tu fais tout pour que l'on ne te remarque pas. Tu préfères être discrète et faire ce que l'on te demande. Tu te laisserais volontier marcher sur les pieds plutôt que de faire un scandale et voir tous ses regards braqués sur toi.

I USED TO RULE THE WORLD

Tu la sers contre toi ta main glissant dans ses cheveux d'un geste rassurant. Il reviendra, il reviendra Inès. Puis tu fermes tes yeux, ton menton contre le haut de sa tête. Tu répètes ces mots, tu veux qu'elle y croit et toi aussi, tu veux y croire. Tu veux savoir qu'il reviendra. Tu veux te dire qu'il ne faut pas perdre espoir. Puis les jours passent, les semaines, et tu restes là, assise sur ton lit, le regard vide. Tu n'es pas allée à l'école durant plus d'un mois, tu t'es laissée t'affamer et tu n'as mangé que ces petits gâteaux qu'Inès déposait dans une assiette derrière ta porte une fois que les parents dormaient. Tu n'as plus parlé à personne, tu as même pensé que tu ne saurais plus jamais parler après t'être tue pendant tant de temps. Tu as attendu, encore et encore. A chaque voiture, tu te levais, tu collais ton front contre le verre froid espérant que tu reconnaîtrais sa berline. Puis tu te rasseyais, tes larmes coulant le long de tes joues et ton désespoir pesant sur tes épaules. Il ne reviendra pas Mona, il faut que tu te fasses à cette idée. Tes yeux se lèvent vers elle. Elle est debout sur le pas de la porte, comme si elle ne savait pas trop si elle devait rentrer ou fuir. C'est le premier visage que tu vois d'aussi près depuis deux mois. Ce sont les premiers mots que tu entends depuis qu'il est parti. Si c'est pour me dire ça.. Tu tousses. Tu t'entends à nouveau parler, tu n'étais plus habituée. Tu peux pas continuer comme ça, Mona, faut que tu sortes, faut que tu manges, faut que tu vives. Tu ne vas quand même pas te laisser mourir. Tu baisses les yeux sur tes maigres doigts qui s'enlacent. Tu y as pensé, souvent. Tu as même ouvert ta fenêtre et tu t'es assise, là, en équilibre à plusieurs mètres au-dessus du sol. Tu t'es vue te lever, faire ton dernier pas, voler quelques secondes puis t'allonger, là, sans vie, au sol. Cela aurait été beau, irréel. Il n'y avait rien de désespéré dans tout ça, juste un manque trop fort pour qu'il te laisse vivre en paix. Tu n'as pas le droit, j'ai besoin de toi moi. Tu lèves tes yeux vers elle, tu sers les poings. Tu ne comprends rien Inès ! Tu n'es qu'une égoïste, comme peux-tu me dire ça ? Tu ne le connais pas toi, tu n'es pas sa soeur, tu n'es rien. Tu ne sais pas ce que ça fait de vivre avec un manque, moi si. Sors Inès, laisses-moi tranquille. Ses yeux se sont mis à briller, une larme tomba au sol, elle ouvrit la bouche, elle voulait te répondre mais aucun son n'en sortit. Alors elle partit, elle se mit à courir, elle claqua la porte et tu entendis ses pas monter les escaliers et se diriger vers sa chambre. Elle devait se dire que tu étais dure mais pourtant tu n'avais rien fait de mal. Tu ne dérangeais personne. Tu voulais simplement que l'on te laisse seule avec le trou que tu avais à la place du coeur. Tu regardes face à toi la porte fermée puis tu t'allonges et observes le plafond, rêvant parfois qu'il s'écroule sur toi et te réduise en miettes. Tu fermes les yeux et tu penses, tu te souviens. C'est fini Mona, c'est fini. Il était toujours là pour toi, quand tu allais mal, quand tu avais besoin d'un conseil, il connaissait tout de toi et toi, tu connaissais tout de lui. Quand vous étiez enfants, il se glissait dans ton lit, te chantait une chanson le temps que tu t'endormes et laissait une petite veilleuse allumée pour lorsque tu ouvrirais les yeux. Ce jour-là, il n'avait pas pleurer, il voulait montrer l'exemple du plus âgé et il voulait que tu arrêtes de pleurer. Comment on va faire, sans Maman ? Tu fixais au loin, la silhouette de ton père, agenouillée dans une flaque, la pluie battante le mouillant jusqu'aux os face à ce trou où reposerait à jamais son époux. Ce ne sera pas simple, mais il faudra bien que l'on y arrive. T'as douze ans et tu en veux au monde entier. Tu promets que tu boieras plus jamais, tu promets que tu ne toucheras plus à l'alcool car celui-ci à emporter celle qui t'a donné la vie. Un chauffard, elle traverse, quelques secondes plus tard elle repose, là, sur le bitume encore tout chaud du passage de la voiture. Son bras est fracturé, son tibia prend un angle peu naturel. Ses paupières sont closes, elle est si belle, on dirait qu'elle dort d'un sommeil profond dont elle ne se réveillera jamais. Tu réouvres les yeux et sors de tes pensées. Tu regardes toujours ce plafond face à toi. Il t'avait promis. Il avait dit qu'il serait toujours là, qu'il ne t'abandonnerait jamais et puis lui aussi il était parti et tout cela était de ta faute. Non, il n'était pas mort, celui qui avait partagé le même utérus que toi pendant neuf mois n'avait pas vu sa vie se terminait mais il était parti, il t'avait laissé. Inès, elle, était toujours là. Elle avait trois ans de moins que toi et elle avait été adopté un an avant la mort de ta mère. Tu t'en voulais pour les mots que tu lui avais balancé, elle ne les méritait pas. Depuis toutes petites, vous vous considériez comme des soeurs et tu n'avais pas le droit d'un jour à l'autre de lui refusait ce rang. Elle, elle ne t'avait jamais abandonné. Tu ouvris la porte, tu inspiras longuement puis tu montas les escaliers et la pris dans tes bras.
Tu as toujours peur du noir et du silence pesant dans ta chambre, mais aujourd'hui, Graham n'est plus là pour chanter et veiller à ce qu'une lumière soit toujours allumée.

Tu es retournée à l'école, tu as réappris à manger, à vivre peu à peu. Tu as passé tous ton temps libre près du grand saul pleureur, celui qu'il avait désigné comme votre en gravant dans sa chair "Monagram" un jeu de mot qu'il avait trouvé lui même en réunissant vos deux prénoms. Puis le temps était passé, les souvenirs étaient restés, le trou à la place de ton coeur ne s'était pas refermé mais peu à peu, tu oubliais d'espérer, tu oubliais de regarder par la fenêtre, voir s'il revenait et tu finissais pas croire aux paroles d'Inès, il ne reviendra jamais.

Puis un jour, tu es retournée au grand Arbre et tu as trouvé contre son tronc une feuille de papier plantée à l'aide d'une épingle. Tu te demandes qui est venu ici, tu n'aimes pas ça, tu n'aimes pas que l'on tourne autour de ton arbre. Les mots qui sont écrits, tu ne les comprends pas. C'est du français, te semble-t-il. Tu ramènes la feuille chez toi et l'oublies sur ton bureau où elle reste plusieurs semaines, jusqu'à ce qu'une autre fasse son apparition, puis une autre, et encore une. Tu commences à avoir peur, tu te sens observer et l'inconnu, tu ne le comprends pas, tu ne connais pas sa langue. Il t'a écris des poèmes de grands auteurs, du Ronsard avec Mignonne allons voir si la rose, des paroles de chansons de Piaf et de Gainsbourg, du Bashung même. Tu apprends le français, tu veux comprendre ce que chante Piaf, Gainsbourg et Bashung. Tu mets plusieurs mois puis tu finis par maîtriser la langue, élève surdouée tu as mis beaucoup moins de temps qu'un élève normal. C'est là qu'arrive la nouvelle lettre. "Je m'appelle .. et toi ?" Son prénom avait été effacé par la pluie, l'eau rendant l'encre impossible à déchiffrer. Alors tu avais décidé de l'attendre, en haut des branches, dans ton Arbre. Tous les jours après l'école, tu t'y es rendue et c'est au bout d'une semaine que tu l'as vu. Tu l'as observé, il s'est adossé à l'Arbre, a sorti une feuille de son sac et c'est mis à écrire. Puis il a accroché la feuille et est parti. Tu es immédiatement descendue. "Je sais que tu es là-haut. Tournes ta tête, je suis assis, là-bas." Tu te retournes et tu sursautes à la vue de cette silhouette, pourtant tu savais qu'il serait là. Il se lève, hésitant, il s'avance. Vous avez fait connaissance, il t'a dit son prénom, tu lui as répondu le tien. Vous avez parlé jusqu'à ce que la nuit tombe, il t'a même appris des mots en français. Puis vous vous êtes revus, tous les jours. Chaque fois, en rentrant de l'école, tu étais hésitante mais poussée par l'excitation de cette nouvelle rencontre tu te rendais toujours à l'Arbre. Vous êtes devenus amis, puis même meilleurs amis, vous vous racontiez tout. A la rentrée suivante, il est venu dans ta classe, il s'est assis à côté de toi dans chaque cours, vous passiez toutes vos journées ensemble. Puis un jour tu es retournée à l'Arbre, il n'était pas là et à sa place se trouvait une lettre. "Je ne peux pas resté aujourd'hui mais je serais là demain, sans faute. PS, un jour tu ouvriras les yeux." Tu n'as pas compris ce que signifiait ces derniers mots, tu y as réfléchi toute la soirée, puis tu t'es endormie, le lendemain est passé lentement, il n'était pas là en cours mais le soir il se trouvait en bas de l'Arbre, un bleu entourant son oeil droit. Tu ne lui as pas posé de questions. Vous étiez pudiques, vous ne vous posiez pas souvent de questions. Il t'a fait écouté de la musique du Piaf et du Brassens. Puis vous vous êtes levés et vous êtes rentrés chez vous, comme si de rien était. Il t'aime, mais tu ne t'en doutes pas. Tu l'aimes, mais toi même ne le sait pas. Et bien sûr, vous restez silencieux, il aime cet auras mystérieuse qui plane autour de toi, il aime tant ton silence qu'il ne le briserait pas pour des caprices de son coeur. Il préfère ne pas t'en parler, pour ne pas risquer d'être déçu et toi, tu ne te rends même compte de l'importance qu'il a pris à tes yeux.

Voilà

Avec plaisir pour les deux!